Traitement du Singulier : Corps et Jouissance dans notre Époque
Traitement du Singulier : Corps et Jouissance dans notre Époque
ARGUMENT
La psychanalyse vise la restitution et la reconstitution de l'histoire du sujet : l'histoire par et à travers l'Autre qui habite le sujet et constitue sa singularité.
Ce qui est singulier est particulier : la psychanalyse est à recréer avec chaque analysant, même si les sujets à notre époque viennent en analyse avec les mêmes questions primordiales : que suis-je pour l'Autre ? Que signifie être une femme, un homme ?
Ce qui est singulier est unique : dans chaque analyse se noue un lien social unique, porté par la demande de l'analysant, le désir de l'analyste et entre ceux deux, le transfert. Ce qui est singulier est bizarre : toute analyse se déplie dans le contexte de son époque, le moment singulier de l’histoire avec toutes ses spécificités.
Et surtout, le singulier est symptomatique – il apporte sa souffrance dans la psychanalyse pour s'engager sur le chemin de l'inconscient, traverser le fantasme et, peut-être, arriver au noyau du symptôme pour en assumer la responsabilité.
Dans cette optique, la Journée de la Zone Plurilingue va se concentrer sur trois axes principaux :
1) Le symptôme comme évènement du corps
Les effets du langage sur le corps sont présents d'une manière qui va de la mortification signifiante à l'effet de jouissance que le signifiant a sur le corps. Vers la fin de son enseignement, Lacan a réuni le langage et le corps dans corps parlant. Le symptôme est celui du corps, une réponse au pas de rapport sexuel engendré par le langage. Par ce langage même, l'analysant apporte dans l’analyse son corps parlant avec tout ce qui le concerne : entre autres, une image en miroir et un nouvel idéal imaginaire du corps. Si nous parlons avec nos corps, que nous disent les corps contemporains ?
2) Sexe et genre
Le corps sexuel est aujourd'hui de plus en plus profondément soumis aux idéaux, depuis que le sexe et le genre ont été distingués avec une accentuation particulière dans le discours social. Freud a écrit que "l'anatomie, c’est le destin" en mettant l'accent sur la fonction de la coupure dans l'être du sujet, sur les moments de coupure et aussi sur le désir, ce qui concerne la différence sexuelle à l'époque. Au-delà de l'image du corps, la sexuation, telle que Lacan l’a décrite, est une position symbolique du sujet. Bien entendu, dans notre façon en tant que psychanalystes de traiter le corps, il s'agit d'une jouissance singulière et du sexuel à la croisée du réel, de l'imaginaire et du symbolique. Comment le sujet se débrouille avec la question du sexe ?
3) L'éthique de la singularité
Aujourd'hui, que ce soit à travers le discours scientifique ou le domaine social, le corps est brutalement objectivé, menant à envisager des actes audacieux pour sa transformation. La psychanalyse est aujourd'hui fortement critiquée pour être un garde-fou contre des actes pareils de l'individu et contre le discours scientifique qui crée l'illusion de la résolution de tous les problèmes du sujet. Cependant, un traitement du singulier du point de vue de la psychanalyse d'aujourd'hui, qui peut rendre compte d'une subjectivité irremplaçable et unique, ouvre la dimension éthique de la pratique psychanalytique. Comment le sujet contemporain assure-t-il la responsabilité du choix de son propre mode de jouissance ?